Durabilité et traitements raisonnés en point de mire
L’assemblée générale de l’Association vaudoise de formation continue et de conseil en viticulture (Vitiplus), organisée mercredi 6 février à Bonvillars (VD), a fait le point sur les moyens mis en œuvre pour réduire le recours aux produits phytosanitaires.
A l’image du monde agricole, la branche vitivinicole ne cache pas son anxiété face aux deux initiatives contre l’utilisation de produits phytosanitaires, sur lesquelles le peuple suisse sera vraisemblablement appelé à voter au premier semestre 2020. L’assemblée générale de Vitiplus, qui s’est déroulée mercredi 6 février à la Cave des viticulteurs de Bonvillars (CVB), a montré à quel point cette thématique préoccupe et mobilise les professionnels de la vigne et du vin. David Rojard, responsable de l’Office de conseil viticole de Proconseil, a relevé des demandes d’accompagnement vers des pratiques bio en hausse. Quant à la stratégie en matière de phytos, tournée vers l’optimisation des traitements, elle jouit d’une grande attention. «Plus de 900 personnes sont abonnées à nos bulletins viticoles. C’est plus que le nombre de vignerons du canton», a souligné le collaborateur de la filiale de vulgarisation de Prométerre. Son collègue David Marchand a, pour sa part, signalé la création de deux groupes d’intérêt directement liés à la recherche de solutions pour minimiser le recours à la chimie. L’un d’eux se penche sur les engrais verts, l’autre sur les possibilités de se passer des herbicides dans les vignes en terrasses.
Quant à Frédéric Blanc, président de Vitiplus, il a rappelé, lors de son rapport, la nouvelle organisation du Plan vaudois de réduction des risques liés à l’utilisation de produits phytosanitaires. «Un comité de pilotage a été nommé et chaque branche a son groupe de travail (arboriculture, maraîchage, grandes cultures et viticulture). Des mesures transversales et propres à chaque secteur sont en cours d’élaboration, sous la conduite de Proconseil», a t’il précisé. Et d’évoquer, sous sa casquette de viceprésident de Vitiswiss, un outil mis en place par l’organisation faîtière pour traquer les traces de produits phytosanitaires dans les vins indigènes. Opérationnelle depuis cette année, la plateforme résidus permet aux vignerons qui le souhaitent de faire analyser leurs échantillons par un laboratoire suisse. Cette procédure centralisée diminue leurs frais tout en créant une base de données «dans le but d’aboutir à des vins à zéro résidu», a expliqué Frédéric Blanc.
Contribution peu sollicitée
Ce dernier a fait part de son questionnement au sujet de la contribution à l’efficience des ressources introduite en 2018 pour la réduction des phytos dans les vignes. «A ma connaissance, 1500 hectares, soit 10% du vignoble suisse, ont été inscrits. Intérêt timide ou manque d’attractivité des contributions? L’avenir nous le dira.» L’intervenant a aussi encouragé les membres de l’assemblée à habiller leurs bouteilles avec le label Vinatura, dont l’une des exigences porte sur l’utilisation raisonnée des intrants. A ce propos, la collaboration avec IPSuisse pour l’écoulement des vins porteurs du signe distinctif nécessite quelques ajustements. «L’élaboration du cahier des charges et du système à points par Vogelwarte prend beaucoup plus de temps que prévu. Les visites sur les exploitations test viennent juste de commencer», a expliqué le viceprésident de Vitiswiss.Outre la problématique des produits phytosanitaires, la branche vitivinicole a fort à faire avec le virage de l’AOC vers le système des AOPIGP. Luc Thomas, directeur de Prométerre, et Philippe Herminjard, secrétaire de la Fédération vaudoise des vignerons, ont abordé ce thème lors de leur intervention respective. Selon eux, cette «révolution», pour reprendre les propos du second cité, ne saurait avoir lieu sans l’octroi d’un délai raisonnable, moyennant le respect de certaines conditions en cours de négociation.
Moins de membres mais une position forte
La séance a permis de prendre connaissance de quelques chiffres clés concernant l’association cantonale. Avec 526 membres, la section vaudoise de Vitiswiss enregistre une légère diminution de son effectif (dixsept démissions, six nouveaux venus). Cette «lente érosion», attribuée à la restructuration des domaines, n’empêche pas Vitiplus de couvrir plus de 80% des surfaces viticoles cantonales.«En comparaison avec les autres sections, nous restons largement leaders, avec 289 certificats vigne et 65 certificats cave, dont 12 avec label. Je tiens aussi à souligner un total de 1002 participations aux séances, soit plus de 1,8 par exploitation, ce qui démontre l’intérêt et l’importance que chacun attribue à la formation continue», a ajouté Frédéric Blanc.
Un programme chargé
Le président a encore relevé la concentration inhabituelle de rendezvous liés au monde viticole durant l’année en cours. Hormis, les salons Divinum, à Morges, et Arvinis, pour la première fois à Palexpo à Genève, la Suisse romande aura le privilège d’accueillir trois événements de grande envergure. Du 2 au 5 mai, Aigle sera l’hôte du Concours mondial de Bruxelles, alors que le congrès de l’Organisation internationale de la vigne et du vin rassemblera 600 délégués de 47 pays du 15 au 19 juillet à Genève. La Fête des vignerons, programmée du 18 juillet au 11 août à Vevey, bouclera cette trilogie inédite et prestigieuse, de quoi aborder avec un maximum d’aplomb la prochaine période des vendanges. Ludovic Pillonel
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